mercoledì 18 febbraio 2009

Les enfants terribles de Philip Glass

LES ENFANTS TERRIBLES de Philip Glass d’après Jean Cocteau

Belle mise en images de Cocteau dans les spirales somnambules de Glass
piano et direction musicale
Véronique Briel
Vincent Leterme
Stéphane Petitjean
Cécile Restier
chorégraphie Yano Iatridès
avec
Muriel Ferraro (soprano)
Myriam Zekaria (soprano)
Jean-Baptiste Dumora (baryton)
Paul Crémazy (ténor)

Entre les évasions romanesques du poète Jean Cocteau, mort en 1963 et la musique minimaliste répétitive de Philip Glass, né en 1937, on pourrait tisser une espèce de toile de fond qui serait la reprise en boucle d’obsessions somnambules. Ici, le huis clos d’une adolescence fantasmée dans une chambre où le temps s’arrête et tourne sur lui-même, comme tournent sur elles-mêmes, en lancinantes mélopées, les thèmes et variations de la musique.
Frère et sœur, orphelins sans doute, Paul et Elisabeth ne peuvent vivre que l’un relié à l’autre et ils en mourront.
Ni Gérard qui aime Elisabeth, ni Agathe qui aime Paul et en est aimée ne pourront rien contre la spirale qui enferme leur couple, et où plane l’ombre fatale de Dargelos, le caïd de l’école qui a blessé Paul d’un jet de pierre. Une tragédie psychotique en quelque sorte la communication avec le réel est coupée…
Une partition pour trois pianos électroniques .

Après Hydrogen Jukebox à Nantes il y a à peine un mois (voir webthea du 17 janvier 2009), c’est le deuxième opéra de l’inventeur du minimalisme américain qui est repris sur les scènes de France.
Mais la pâte musicale en est tout autre même si le principe répétitif est maintenu en fugues tourbillonnantes. La partition cette fois est concentrée sur trois pianos électroniques dont Véroniques Briel, Stéphane Petitjean et Claude Collet manipulent les motifs qui se font écho sur d’infimes variations. Le compositeur quasi mythique de Einstein on the Beach révélé en 1976 au Festival d’Avignon, ne surprend plus. Son écriture est entrée dans les mœurs et les oreilles.
Une illustration intérieur nuit
Pour ces Enfants Terribles si joliment portés au cinéma par Jean-Pierre Melville en 1950 sur des musiques de Haydn et de Bach, celle de Glass constitue une sorte de battement de cœur et de pouls en saccades et en chamades.
Une illustration en intérieur nuit qui se fond dans la mise en scène de Paul Desveaux et les chorégraphies hallucinées de Yano Iatridès.
Les quatre interprètes jouent, chantent et dansent avec des bonheurs divers.

Muriel Ferraro passe de Dargelos à Agathe avec une élégance lointaine, malgré une diction parfois hésitante et en dépit d’une sonorisation sans utilité Damien Bigourdan offre à Gérard un chant juste et une prestation d’honnête copain, Myriam Zekaria a la charge de défendre les crises d’Elisabeth la sœur mante religieuse, elle joue la comédie avec ferveur, virevolte avec grâce mais abuse tant de ses ressources vocales que celles-ci tournent à l’aigre.
C’est le jeune baryton Jean-Baptiste Dumora qui fait de Paul, le frère blessé et floué, le portrait le plus juste et le plus poétique.
Décors futés jouant sur des espaces intercalés, lumières en clair-obscurs noir/blancs/prunes, costumes d’un chic désuet : Cocteau, ses paradis artificiels et ses enfers d’enfance se retrouvent en terrain familier.
Le 19 février2009 à l’Opéra Théâtre de Besançon, à 20 h

Philip Glass, né en 1937 à Baltimore, impose son propre style de musique fondé sur des structures répétitives en boucles avec addition de rythmes, sur l’enchaînement d’accords parfaits qui ne répond pas à l’harmonie traditionnelle mais à des relations plus complexes. Il est impossible de citer son impressionnante production musicale.
Philip Glass a marqué la création musicale des cinquante dernières
années, et a travaillé aux côtés des plus grandes figures de la création contemporaine notamment avec Bob Wilson.


Il entretient une relation privilégiée avec l’œuvre de Cocteau.
A partir de La belle et la bête (1994), Orphée (1993) et Les Enfants terribles (1996), il écrit des « opéras-films » : il enlève la bande sonore originale, il y introduit sa propre musique et remplace les dialogues par des parties chantées.

extrait d'un blog:

"Etant accro à la musique minimaliste et répétitive, je me préparais donc à me délecter d'un opus inconnu de moi (il faut dire qu'il compose autant que Cyril Lignac publie de livres), surtout après avoir lu une critique plus que positive dans Le Monde.
Et pourtant, "Du Monde comme de Télérama, des critiques toujours tu te méfieras"...Première minutes non surprenantes.
Trois pianos dans la pénombre, une mélodie lancinante qui incite les ondes alpha à venir titiller le cerveau.
Puis de la neige sur la scène, puis une bataille de boules de neige, un récitant qui clame, très bien, un très beau texte de Cocteau, puis un escogriffe qui se met à chanter, en français, qu'il aime jouer aux boules de neige.
Et ces chants, c'est tout ce que je déteste, la musique contemporaine des années 20-30, où l'idée de mélodie comme de poésie était perçue comme la soumission à des règles musicales bourgeoises et désuètes.
Donc, on chante de la prose sans aucune ligne mélodique, sautant d'octave en octave en un seul temps.Et je n'accroche pas.
Mon Chevalier non plus. Et pourtant, les artistes sont techniquement bons, pianistes comme chanteurs, tout particulièrement Damien Bigourdan (Gérard), excellent en récitant. Les quelques ballets sont intéressants, bien mis en scène.
Les pianos délivrent une musique lancinante - et mélodique - à souhait.
L'histoire est terrible, et terriblement bien rendue.
Et l'on peut se demander d'ailleurs si Jean Cocteau aurait pu présenter une telle oeuvre aujourd'hui, où se mèlent homosexualité (féminine assurément, masculine en filigrane), inceste, consommation de drogues variées...
Mais ces chants, ces chants... On aime ou on n'aime pas et, assurément, les avis étaient partagés dans la salle hier soir, une belle brochette de copines faisant une ovation avant même le rappel quand déjà nous courions vers la sortie
.En résumé, n'allez voir Les Enfants terribles mis en musique par Philip Glass que si vous a-do-rez Ute Lemper quand elle interprète les oeuvres les plus inaccessibles de Kurt Weill.
Si vous n'avez pas compris un mot à ce que je viens de dire, passez votre chemin."
Un extrait ici.

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