Débarrassés de leurs habits de mythe, Pierre et Hélène deviennent juste un homme et une femme, sans le chabada-bada : lui, costume flottant, jambes courtes, grosses lunettes, « un grand petit homme », résumait Pierre Daninos ; elle, minuscule, irrésistible et insupportable, « un oiseau d’acier », disait Françoise Giroud.
Ambitions, passions, fréquentations…
Ces deux-là sont entrés vivants dans la légende.
En 1935, une jeune et jolie reporter diplômée d’ethnologie entre dans le bureau du patron de « Paris-Soir » pour ne plus jamais ressortir de sa vie.
Quatre ans plus tard, ils se marient, robe Schiaparelli pour elle et invités de choc, Kessel, Cocteau, Colette et le gratin du journalisme.
L’exil à New York pendant la guerre plonge Pierre dans la dépression – trop d’énergie inemployée – et donne des ailes, et bientôt un ELLE… à Hélène, qui travaille pour les rédactions américaines les plus prestigieuses.
L’exil à New York pendant la guerre plonge Pierre dans la dépression – trop d’énergie inemployée – et donne des ailes, et bientôt un ELLE… à Hélène, qui travaille pour les rédactions américaines les plus prestigieuses.
Elle observe, apprend, absorbe tout ce qu’elle voit, une gestation qui donnera naissance au journal ELLE le 21 novembre 1945, à Paris :
« Le sérieux dans la frivolité, l’ironie dans le grave », tout l’ADN du journal est déjà là.
Si, dans le travail, ils sont unis par la même volonté d’entreprendre, dans la vie privée, c’est une autre histoire, ou plutôt plein d’histoires…
Même si elle dira toujours que Pierre est le grand amour de sa vie, Hélène est une femme à hommes.
Meurtri, Pierre multiplie les conquêtes. Femmes, amants, maîtresses se mélangent, le dimanche, dans leur maison de Louveciennes, au milieu du Tout-People d’alors, de Bardot à Sagan en passant par Pompidou.
Dommage que le livre manque un peu d’allant, Sophie Delassein s’égarant parfois dans trop de portraits inutiles, trop d’événements historiques, lâchant la bride à son récit.
Dommage que le livre manque un peu d’allant, Sophie Delassein s’égarant parfois dans trop de portraits inutiles, trop d’événements historiques, lâchant la bride à son récit.
Qu’importe, forte de nombreux témoignages, elle sait en revanche très finement éclairer deux êtres complexes aux intuitions de génie et aux petites bassesses de tout le monde… Humains, très humains, donc passionnants.
«ELLE comme Hélène ont une allure d’avance sur les Françaises.
En même temps qu’il accompagne leurs combats, ELLE fait la part belle à la mode.
Pour la couverture, Hélène veut des photos couleur à une époque où l’on ne trouve guère que des croquis.
Elle file aux Etats-Unis où elle fait photographier des modèles américaines coiffées et habillées à la française. De quoi tenir six mois ! Hélène triomphe, même Mme de Gaulle lit ELLE ! Pendant ce temps-là, Pierre prend le pouvoir à « France-Soir » dont il fait le premier quotidien français.
Les Dimanches de Louveciennes-chez Hélène et Pierre Lazareff de Sophie Delassein.
Grasset, 338 pages
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