Litomerice est une importante ville historique, à 80 km au nord de Prague.
C'est une ville royale fondée vers 1230, avec une multitude de monuments conservés à l'état originel.
De loin, on l'aperçoit de la tour typique de la cathédrale Saint-Stéphan dominant la colline de Dôme.
Litomerice est un évêché et un centre commercial important, centre de culture du houblon et de fruits, comme on en trouve au bord de la bande surnommée le jardin de Bohême.
La gloire historique de la ville royale de Litomerice est établie par ses témoins implicites - des bâtiments gothiques, renaissance et baroques de la zone urbaine classée, en 1978, réserve protégée.
Des 256 bâtiments, 104 sont inscrits sur la liste du patrimoine culturel national et presque tous se trouvent dans le noyau historique entouré de fortifications gothiques sauvegardées à l'état originel.
Les maisons à arcades autour de la place, des caves historiques, de nombreuses églises, le musée, plusieurs galeries et d'autres particularités, tout cela attend le visiteur de Litomerice.
Las de cette visite, il peut s'arrêter sur les remparts et contempler le panorama du Massif central avec, à l'horizon, le château de Hazmburg et la montagne légendaire de Rip au pied duquel le pays tchèque avait été fondé, comme l'affirme la légende, par l'ancêtre Cech.
Cette vue nous fera comprendre pourquoi le grand poète romantique tchèque, Karel Hynek Macha, inhumé à Litomerice, aimait tant cette région.
Litomerice s'étend sur le confluent de l'Elbe et de Ohre, dans le Massif central. Le peuple installé ici et appelé par le chroniqueur Kosmas Liutomerci, est déjà mentionné dans des documents historiques datant de 993.
Vers 1057, le prince Spytihnev y a fait fonder un chapitre et la basilique Saint-Stéphan.
Primitivement romaine, la basilique a été remaniée dans le style gothique, au milieu du XIVe siècle.
Dans les années 1663-1670, une nouvelle cathédrale a été érigée à l'emplacement de l'ancienne église détruite.
Son achèvement est l'oeuvre de l'éminent architecte italien, Domenico Orsi.
La cathédrale est réputée par sa précieuse décoration intérieure, de Lucas Cranach et Karel Skreta.
La place principale de Litomerice est, par sa superficie de 1,8 hectares, l'une des plus grandes dans notre pays.
Son visage n'a guère changé depuis sa fondation, en 1230, sous le roi Premysl Otakar 1er.
La place est bordée de nombreuses maisons et résidences antiques telles la maison au Cerf, de style gothique tardif, ou la maison Renaissance Mrazovsky.
Une attraction de Litomerice - un grand labyrinthe souterrain. Les caves de 3 étages sont reliées par un réseau de couloirs long de 3 kilomètres qui fait de ce labyrinthe l'un des plus long en Bohême. 366 mètres du sous-sol historique sont accessibles aux visiteurs et ils abritent un lapidarium.
A l'arrivée dans la ville, on est surpris par les puissantes fortifications.
Edifié en style gothique sous le règne de Charles IV, le système a été pourvu de bastions dont l'un était utilisé comme chapelle de la prison de Litomerice où purgeait sa peine à perpétuité le fameux brigand Vaclav Babinsky condamné à 20 ans pour vols et meurtres et dont la légende populaire a fait un héros qui donnait aux pauvres les biens volés aux riches. Aujourd'hui, un restaurant réputé - Basta - Bastion, se trouve à l'intérieur de ces locaux.
Un essor des travaux de bâtiment, au XVIe siècle, a prédéterminé le caractère Renaissance de Litomerice. Ambros Balli, représentant le plus marquant de ce style, a laissé dans la ville de nombreux bâtiments tels la maison à L'aigle noir, mais surtout la maison au Calice appelée ainsi d'après sa tour sous forme de calice qui est souvent utilisé en tant que symbole de la ville tout entière.
Le milieu du XVIIe siècle marque le début du baroque.
Beaucoup de bâtiments sont remaniés dans ce style et reconstruits par Giulio Broggio et son fils, Octavio.
Litomerice est un évêché qui a été instauré ici en 1655. La résidence de l'évêque se trouve près de la cathédrale Saint-Stéphan sur la colline de Dôme.
Litomerice est riche en constructions sacrées parmi lesquelles il convient de mentionner l'église de Tous-les-Saints fondée au XIIIe siècle et remaniée dans le style baroque par Octavio Broggio. L'église jésuite de la Vierge-Marie, l'église dominicaine Saint-Jacques et la superbe petite église Saint-Venceslas sont également l'oeuvre d'Octavio Broggio natif de Litomerice.
Pendant le second conflit mondial, les fortifications de Litomerice ont été transformées en prison de la Gestapo, de même que celles de la ville de Terezin toute proche.
Suite aux accords de Munich, Litomerice a été annexée au Reich allemand dans le cadre des Sudètes.
Un événement s'attache à cette période de triste mémoire.
En 1938, à la veille de l'occupation de notre pays, on a déplacé de Litomerice la dépouille du poète Karel Hynek Macha enterré ici, pour la déposer au cimetière pragois de Slavin où reposent les Tchèques illustres.
Ce transfert s'est alors transformé en une manifestation nationale contre le nazisme.
Karel Hynek Macha, le plus grand poète romantique tchèque, s'est installé à Litomerice en septembre 1836.
Or son séjour dans cette ville où il pensait continuer ses études de droit n'a duré que 38 jours: Macha meurt le 5 novembre, après avoir aidé à étouffer un incendie. Il avait alors 26 ans.
Sa maison non loin du centre-ville abrite un musée portant son nom.
On peut y admirer les différentes éditions du célèbre poète devenu le symbole de l'amour et de la révolte romantique contre la société.
Litomerice a donné l'hospitalité aussi à l'illustre linguiste tchèque et historien littéraire, Josef Jungmann, mort en 1847.
Au début du XVIIe siècle a vécu ici Pavel Stransky, auteur d'une oeuvre sur l'histoire de la Bohême, Respublica Bohemiae, parue à Leyden, en 1634.
Dans les alentours de Litomerice, on peut visiter le château baroque de Ploskovice, reconstruit, au milieu du XIXe siècle, en résidence d'été de l'empereur Ferdinand V. On peut y admirer aussi le couvent de prémontrés et sa crypte romane du XIIIe siècle.
Dans les environs proches de Litomerice, on trouve encore un couvent qu'il ne faut pas manquer de visiter: le couvent de cisterciens d'Osek, fondé en 1198, roman, à l'origine, puis remanié à l'image baroque par Octavio Broggio, avec une église richement décorée et une salle capitulaire de 1240 conservée dans son état original.