martedì 16 dicembre 2008

La culture française peut-elle s'exporter?



Photos: Catherine Deneuve pendant le tournage de «Place Vendôme» en 1998


Voilà un an que la polémique enfle autour de «la mort de la culture française». C’était le titre d’un article paru en 2007 dans le magazine «Time» et signé Donald Morrison; c’est devenu en 2008 un livre du même journaliste américain («Que reste-t-il de la culture française?», aux éditions Denoël). Entre les deux, 2008 a été un bon cru culturel pour l’Hexagone.

En effet, Marion Cotillard a emporté l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure actrice pour son rôle dans «Edith Piaf». Jean-Marie Gustave Le Clézio a reçu le prix Nobel de la littérature. Et Laurent Cantet la palme d’or au Festival de Cannes pour le film «Entre les murs».

Quant à Vincent Cassel et Catherine Deneuve, ils tournent outre-Atlantique.
Où est le problème alors?
Pourquoi la culture française s’exporte moins bien que la culture américaine?
Les critères d’une bonne exportation Selon Donald Morrison, interrogé par 20minutes.fr, un produit culturel s’exporte bien à l’étranger s’il répond à quatre critères.

1. «S’il utilise des techniques de production d’envergure (effets spéciaux, têtes d’affiche…), comme celles dont les studios hollywoodiens se servent pour rendre leurs films impressionnants»
2. «S’il évoque des thèmes universels comme la vie, la mort et l’amour»
3. «S’il se fait l’écho du monde réel, que cela soit socialement, politiquement ou écologiquement. Le but: que l’oeuvre soit connectée avec le quotidien du lecteur-spectateur»
4. Et «s’il est doté d’un plan marketing fort». Grâce à cela, «le plasticien Damien Hirst, l’écrivain Philip Roth ou le ténor Luciano Pavarotti sont connus à l’international, quasi indépendamment de leur talent.»

Cible marketing
«La culture n'est pas un concours de beauté, on ne juge pas du niveau culturel d'un pays au nombre d'écrivains que peuvent citer les quidams à l'autre bout de la planète ni au Top 50 des meilleures ventes mondiales», fustige Jérôme Clément, le patron d'Arte dans «Le Monde» ce lundi.
La stratégie décrite par Morrison consiste à «cibler d’abord un public puis à élaborer un produit culturel qui collera à ce public», explique à 20minutes.fr Dominique Viart, professeur de littérature française à Lille-III et organisateur d’un colloque sur «la littérature française du XXe siècle lue de l’étranger».
On peut faire monter le buzz sur les romans de Michel Houellebecq, Christine Angot et Frédéric Beigbeder, reprend l’universitaire, mais ce sont des bouquins dont, trois ans plus tard, «on ne se souvient plus».
Au contraire, les «ouvrages qui restent se sont installés de façon plus insidieuse», comme «L’Elégance du Hérisson», de Muriel Barbery, «pas calculé pour marcher» et pourtant arrivé parmi les meilleures ventes de romans français en 2007.
«La littérature française ne fonctionne pas sur des coups commerciaux, insiste Dominique Viart, elle donne la part belle à la créativité de son auteur et à la sensualité des mots.»
Pas au fait que les personnages des fictions, bien typés, seraient «susceptibles d’être adaptés au cinéma, comme le pratique la littérature américaine.»
Protectionnisme culturel?
Or cette recette franco-française ne convainc pas toujours.
Est-ce à cause d’un quasi-protectionnisme anglo-saxon?
La ministre de la Culture Christine Albanel le déplore depuis plusieurs mois: «Si la France accueille beaucoup de films étrangers, ce n’est pas vrai de tous les autres pays, dont certains ne sont pas si accueillants.
Quand les Etats-Unis ont interdit "Les Choristes" au moins de 12 ans, c’est une mesure d’entrave.»
Outre Proust, Beckett et Beauvoir, étudiés dans les milieux universitaires, «la culture américaine et hispanique d’importation s’auto-suffisent outre Atlantique, reprend Dominique Viart.
Du coup, ils traduisent très peu de littérature étrangère».
Au final, voir ou lire de la culture française, c'est «faire acte de résistance contre la la globalisation américaine».
Presque un acte politique.

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