Autour de cet art mineur, l'homme insuffle une réflexion majeure. A l'occasion de l'inauguration de "Paris Haute Couture", à l'Hôtel de Ville de Paris, Olivier Saillard évoque les grands chefs-d'oeuvre de la collection Galliera.
Comment est né le concept de "haute couture" ?
La paternité en revient à Charles Frederick Worth, un couturier anglais installé à Paris à la fin du xixe siècle. Cet homme de marketing avant l'heure a su séduire les princesses des cours européennes. Il a inventé le renouvellement des collections tous les six mois en suscitant l'envie de nouveautés. Il est aussi le premier à avoir présenté ses vêtements sur des mannequins qui défilaient devant les clientes.
Ses successeurs s'appellent Jacques Doucet, Jeanne Lanvin, Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet...
Quels sont les points communs avec la haute couture actuelle ?Sans conteste le fait main et le sur-mesure. Les premières maisons de haute couture possédaient leurs propres ateliers, qui pouvaient compter jusqu'à 400 ouvrières.
Mais les choses ont changé. La fermeture de Balenciaga, en 1968, a marqué une étape importante.
A l'époque, son fondateur ne se reconnaissait pas dans l'effort de démocratisation du prêt-à-porter, et sa décision a mis en évidence plusieurs questionnements, toujours d'actualité.
La haute couture est-elle la même que dans les années 1920 ou 1950 ? Existe-t-elle toujours ? Est-elle devenue uniquement un phénomène médiatique ?
Il est certain qu'aujourd'hui, ce n'est plus une activité rentable mais une entreprise noble d'image et de communication, qui oeuvre aussi pour la sauvegarde d'un patrimoine humain, celui des petites mains.
Comment avez-vous travaillé sur l'exposition de l'Hôtel de Ville ?
Sur les 100 000 pièces que compte la collection du Musée Galliera, j'en ai sélectionné une centaine comprenant les plus grands chefs-d'oeuvre que nous possédons. L'exposition chronologique couvre les débuts de la haute couture jusqu'à la fermeture de Balenciaga, en 1968. Elle est ponctuée par la présentation de vêtements de couturiers contemporains comme Christian Lacroix et Jean Paul Gaultier, qui font écho aux pièces historiques.
La salle d'exposition de l'Hôtel de Ville, dont l'accès est gratuit, attire des visiteurs aux profils hétéroclites, un grand public qui assimile souvent la haute couture à des vêtements importables.
L'exposition présente des pièces absolument extraordinaires, mais aussi des robes épurées dont la simple coupe témoigne d'un incroyable savoir-faire.
"Paris Haute Couture", du 2 mars au 6 juillet, entrée gratuite,
Hôtel de Ville, salle Saint-Jean, 5, rue Lobau, Paris-4e.
Nessun commento:
Posta un commento