L'exposition "21 Rue de la Boétie" retrace l’histoire du marchand d'art Paul Rosenberg, domicilié au 21, rue la Boétie.
Issus d’une famille juive d’antiquaires, les deux frères Paul et Léonce Rosenberg commenceront dès 1906 à s’intéresser aux artistes de leur temps.
En 1911, Paul ouvre sa première galerie et propose des œuvres de Picasso, Braque, Matisse,
Léger..
Inspiré par le livre de la journaliste Anne Sinclair, petite-fille de Paul Rosenberg, l’exposition du musée Maillol revient, avec des prêts de Beaubourg, du musée d’Orsay ou du musée historique de Berlin, sur la vie tumultueuse du marchand.
Du 2 mars 2017 au 23 juillet 2017
Musée Maillol - Fondation Dina-Vierny - Paris
Paul Rosenberg (1881-1959) fut l'un des marchands d'art les plus influents de l'entre-deux-guerres.
Une riche exposition, tirée du livre "21 rue la Boétie" écrit il y a quatre ans par sa petite-fille, Anne Sinclair, lui est consacrée au Musée Maillol.
"Mon grand-père a été l'un des découvreurs de Picasso, de Matisse, de Braque, de Léger... Et les a accompagnés, beaucoup.
Il était non seulement un galeriste, un marchand, mais il était un ami de ces peintres qu'il admirait par dessous tout.
Lui se considérait comme un passeur, un entremetteur, un accoucheur",
L'exposition propose une soixantaine d'oeuvres passées par la galerie de Paul Rosenberg au 21 rue La Boétie, dans le 8e arrondissement de Paris, entre sa fondation en 1910 et sa réquisition par les nazis sous l'Occupation et par sa galerie de New York, où la famille s'est exilée au début de la Seconde Guerre mondiale et où est née, en 1948, Anne Sinclair.
Français de confession juive, il n'était pas question de profiter de cette occasion pour faire des affaires, souligne Anne Sinclair qui, petite fille, accompagnait son grand-père dans les musées ou chez Picasso, et dont Marie Laurencin a tiré un émouvant portrait.
"Mon grand-père était en lutte contre la conception nazie de l'art, dite "dégénérée".
Pour Hitler et ses sbires, la peinture, la sculpture... c'était l'art germanique traditionnel.
Tout ce qu'ils appelaient dégénéré, des impressionnistes aux cubistes, de Renoir à Picasso, c'était de l'art à détruire", souligne la journaliste.
Une importante section de l'exposition met en exergue l'opposition frontale entre ces deux conceptions de l'art.
En 1940, Paul Rosenberg et sa famille parviennent à rejoindre les États-Unis en passant par Bordeaux.
En chemin, le galeriste laisse une partie de sa collection dans les coffres d'une banque de Libourne (sud-ouest de la France).
Mais les coffres sont forcés en 1941, alors que Paul Rosenberg est déchu de sa nationalité française par Vichy, et les œuvres pillées pour rejoindre la collection d'Hermann Göring.
Vue de l’escalier au 21, rue La Boétie, années 30 © Archives Paul Rosenberg & Co, New York
Cruauté de l'histoire, la galerie de la rue La Boétie accueillera les expositions antisémites de l'Institut d'Étude des Questions Juives jusqu'à la Libération.
Depuis sa nouvelle galerie à New York, où il contribue à faire de la "Big Apple" le nouveau centre mondial du marché de l'art, Paul Rosenberg et ses proches engagent alors la lutte pour la restitution des oeuvres pillées, avec le soutien de la France et de la Suisse.
L'exposition retrace en particulier les vicissitudes d'une toile de Matisse, "Robe Bleue dans un fauteuil ocre", achetée au peintre en 1937, volée par les nazis à Libourne avant de passer de mains en mains et de finir dans un musée d'Oslo.
Elle n'a été rendue à la famille Rosenberg qu'en 2014.
"Il y a encore une cinquantaine de toiles dans la nature, mais ils ont à peu près reconstitué la collection", dit Anne Sinclair.
Aujourd’hui, « 21 rue La Boétie » devient une exposition poignante, au croisement du destin d’un homme à celui de l’Histoire collective.