martedì 4 novembre 2008

Chicago, patria di Obama


Obama a lancé sa carrière politique à Chicago, une ville qui ne fait pas de cadeaux aux nouveaux venus.

Mais s’il a été adopté par l’élite démocrate, le système politique corrompu de la ville pourrait jeter une ombre sur le candidat.

C'est en 1991 que Barack Obama, alors âgé de 30 ans, fit de Chicago sa ville de résidence.

Après trois décennies de pérégrinations à travers le pays - entre Hawaï, New York, Chicago et Boston - après une enfance en Indonésie, ce fils d'une mère native du Kansas et d'un père kenyan posa ses bagages dans la célèbre “Windy City”, la ville balayée par les vents.

Située sur la rive sud-ouest du lac Michigan dans l'Etat de l'Illinois, Chicago a accueilli de nombreuses vagues d'immigrants, des Afro-Américains fuyant le sud rural aux Irlandais fuyant la famine, sans parler des Polonais, Allemands, Grecs, suivis par les Mexicains, Chinois et immigrés d'Asie du Sud-Est - pour en énumérer brièvement quelques-uns.

Au recensement de l'an 2000, presque 3% des deux millions de résidents de Chicago répondaient qu'ils étaient d'origine multiethnique, se trouvant des ancêtres issus de deux ou trois origines différentes.

Pour un jeune home ambitieux, métis, cherchant à prendre racine quelque part, Chicago semblait être le lieu idéal.

Cette métropole où la classe moyenne est majoritaire est la ville où Obama a forgé son identité personnelle et politique. C'est la ville où il a rencontré son épouse, Michelle, où il a élevé ses deux filles et où il a lancé sa fulgurante carrière politique depuis les quartiers sensibles du sud de la ville.

Et en y regardant de près, Chicago est fière d'être la patrie du premier candidat noir à l'élection présidentielle américaine. Quelques jours avant l'élection du 4 novembre, cette ville gigantesque, connue pour son architecture iconoclaste et monumentale, s'est transformée en un véritable sanctuaire en l'honneur d'Obama.

Bienvenue à "la machine"

Dans les rues, les voitures aux pare-chocs couverts d'autocollants Obama 08 slaloment dans le trafic, passant en trombe devant les magasins de sport vendant des t-shirts Obama et devant les maisons pavillonnaires bordées de leur jardin coquet planté d'affichettes Obama-Biden.

Si Chicago a été reconnaissante envers Obama, le candidat démocrate, d'une certaine façon, a également fait preuve de reconnaissance envers Chicago.

Dans cette course à la Maison Blanche où tous les records d'audience ont été battus, le candidat démocrate a progressivement fait glisser le centre nerveux du comité national démocrate de Washington à Chicago. Le quartier général de sa campagne se trouve au Loop, quartier d'affaires du centre-ville de Chicago. Et le 4 novembre, le résident le plus célèbre de Chicago achèvera sa campagne présidentielle historique à Grant Park, le gigantesque parc de la ville, bordé par le lac Michigan et les légendaires tours qui barrent l'horizon.

Mais Chicago a également des côtés cachés qui ont failli mettre à mal l'image présidentielle d'Obama. Aux Etats-Unis, on l’appelle simplement "la machine de Chicago". Dans cette ville traditionnellement démocrate, le terme renvoie à un système politique corrompu basé sur le népotisme et le clientélisme. La "machine" fait référence à un groupe de travailleurs du parti sur lesquels on pouvait compter pour apporter des voix à l'homme fort ou le "boss".

C'est ce côté obscur de la vie politique de Chicago que le rival d'Obama, John McCain, a tenté d'exploiter il y a quelques semaines quand son équipe de campagne a diffusé une publicité télévisée faisant le lien entre Obama et la machine démocrate de Chicago.

Cette vidéo de 30 secondes accuse le sénateur de l'Illinois d'avoir été "enfanté par la machine corruptrice de Chicago" avant de poser des questions sur ses liens avec quatre personnalités douteuses de Chicago, dont Tony Rezko, un ancien collecteur de fonds qui a déjà été condamné par la justice. "Avec des amis comme ceux-là, conclut la publicité, Obama n'est pas prêt à diriger le pays."


Le conte des deux Daley

Chicago n'est pas la seule ville aux Etats-Unis qui possède de telles "machines politiques". A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la plupart des villes américaines étaient sous la coupe de machines politiques.

Mais sous le règne du maire démocrate Richard J. Daley - ou "Daley Senior", comme il est appelé - la ville balayée par les vents a donné plus de poids à cette machine politique.

Décrit comme "le dernier des grands parrains", Daley Senior a contrôlé la vie politique de la ville, dominée par le parti démocrate, de 1955 jusqu'à sa mort en 1976.Aujourd'hui, des contrôles électoraux plus étroits ainsi que le poids des médias ont mis un point final à cette histoire de la machine. Les experts remarquent que les candidats ne peuvent plus se fier uniquement à la loyauté systématique au Parti. Ils doivent relancer directement les électeurs - via les médias.

Mais bien que la période du vieux système de la machine soit achevée, quelques experts de la vie politique de Chicago pensent que ce vieux système politique s'est paré d'un nouveau costume plus chic. Dans la ville, ils l'appellent "le clientélisme bobo"."Actuellement, nous avons un nouveau maire Daley à Chicago" dit Dick Simpson, chef du département des sciences politiques de l'université de l'Illinois, Chicago, faisant référence à l'actuel maire Richard M. Daley, le fils le plus âgé de Daley Senior.Daley Junior - surnom de l'actuel maire - a été réélu cinq fois depuis 1989, longévité remarquable qui va le mener à surpasser le record de son père en tant que maire ayant le plus longtemps servi à la tête de la ville.Mais, bien que reconnaissant que le "nouveau Daley" ne tire pas les ficelles de la machine politique traditionnelle, Simpson remarque que l'actuel maire de Chicago "utilise les contributions des milieux économiques en contrepartie desquelles des contrats lucratifs du gouvernement et autres faveurs économiques sont donnés à des sociétés et supporters de sa campagne".La ville des rivalités politiquesLes habitants de Chicago sont au courant de la réputation sulfureuse de leur ville. La "ville aux larges épaules" - comme elle a été appelée parfois - a été, après tout, la ville d'Al Capone. Elle a également inspiré la comédie musicale "Chicago", une des plus féroces satires sur le crime, la corruption, et les "criminels vedettes".Ce qu'ils ont du mal à croire, c'est qu'Obama ait été impliqué dans la machine de Chicago. "Obama n'a jamais fait partie de cette machine démocrate", souligne Eric Klinenberg, un professeur de sociologie à l'université de New York et auteur du livre "Vague de chaleur : autopsie sociale d'un désastre à Chicago". "Et de le cataloguer comme un membre de la machine démocrate est un jugement erroné sur les capacités d'Obama."

Simpson remarque que lors des primaires démocrates pour la nomination à la course au Sénat, le maire Daley n'avait pas soutenu Obama. Malgré cela, ce dernier est parvenu à gagner les primaires ainsi que l'élection générale de novembre 2004, faisant de lui l'un des deux sénateurs de l'Illinois.

En outre, Simpson souligne que les racines politiques d'Obama s'enfoncent dans les sillons creusés par les "Indépendants", un groupe de politiciens, activistes et intellectuels opposés à l'hégémonie des Daley.

En tant que membre éminent des Indépendants, qui a travaillé sous deux mandats au sein de l'administration de la ville, Simpson remarque qu'Obama n’a guère reçu le soutien de l'oligarchie politique de la ville au début de sa carrière.

Mais il reconnaît tout de même que la vieille garde a fini par adopter le sénateur charismatique des quartiers sud.

Ce parcours d’outsider rehausse la réussite spectaculaire d'Obama, dans une ville qui n'a pas été traditionnellement généreuse aux débutants en politique.

"Chicago est une ville très difficile à infiltrer pour un politicien, dit Klinenberg. Le fait qu'Obama, qui n'a pas grandi dans ces quartiers, a été capable de se construire une carrière ici, est quelque chose de tout simplement remarquable."

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